Je suis poli, courtois mais un peu fort bourré ( Maudinette ♥)

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Bartholomew & Maud

Avoir des connaissances avait des avantages, notamment celui de pouvoir occuper les soirées solitaires. Allongée dans son canapé, Maud faisait tourner le vin qui roulait dans son verre à pied, cherchant désespérément une raison pour ne pas aller se coucher sur le chant. La sonnerie brève du téléphone ramena la jeune femme à la réalité. Tendant péniblement la main elle attrapa le portable. Le message qu'elle venait tout juste de recevoir était explicite, et on ne peut plus motivant. Comme revigorée, la blonde se prépara aussi vite qu'elle pu, bien que vite ne soit pas très adapté. Accordant une grande importance à son apparence, elle ne pouvait se laisser aller pour une soirée improvisée. Après tout, c'était une occasion de plus de s'amuser, de profiter, et de faire tourner les têtes. Elle n'aurait certainement pas raté une telle occasion.
Maud ne connaissait même pas la raison de cette soirée. D'ailleurs, elle s'en fichait complètement. Ce qu'elle voulait c'était passer un bon moment, profiter de l'alcool au possible. Sortir de ses études de médecine n'était pas une mauvaise chose, elle se changeait les idées comme elle pouvait. Et puis qui sait ? Avec un pareil rassemblement de personnes dont les barrières de la parole seraient un peu affaiblis par l'éthanol.
A peine fut elle entrée, en compagnie d'une de ses amies, qu'elle remarqua immédiatement les regards se tourner dans sa direction ce qui lui arracha un rictus presque moqueur. Elle n'était pas habillé de façon indécente, bien au contraire. Mais où qu'elle aille, l’œil des mâles ne la lâchait pas.

Deux approches s'offraient à Maud pour le reste de la soirée. Elle pouvait chercher une proie en particulier, ou alors les laisser venir chacun leur tour, les triant sur le volet. Certains trouvait ça moche, cette façon d'agir, d'occuper une soirée. En plus d'agir dans l'intérêt de son job sous-jacent, elle pouvait toujours se justifier en recherchant le prince charmant. Elle agissait de cette manière par instinct, certes elle aimait ça, mais aller à l'encontre de cela aurait sans doute été dévastateur pour elle même. Renier sa propre nature, en voilà une drôle d'idée. Comment s'imposer dans un monde violent en ne s'acceptant pas sois-même ?
De toutes évidences on ne l'avait pas attendue pour s'enivrer, de chaque côté des personnes en état d'ébriété déambulaient avec plus ou moins d'équilibre. Une piste de danse s'était installée au milieu du salon, sans l'alcool qu'elle avait à présent dans les veines, elle se serait contentée de s'incruster au milieu des personnes qui gesticulaient. En l’occurrence, les perturbations que connaissait son cerveau la poussaient à aller plus loin, la production d'adrénaline et d'endorphine était réconfortante. Mais plus que tout, c'était la diminution de l'activité de la sérotine qui vint perturber sa rationalité. Il était à présent impossible de savoir ce qu'il fallait faire de juste, seul le plaisir immédiat comptait.
Grimpant sur la table à proximité de la piste de danse, elle commença à se déhancher au rythme de la musique. Heureusement pour elle, la jeune femme a eu la bonne idée de ne pas venir en talon haut, dieu seul sait à quel point elle aurait eu du mal à rester debout. Ses sneakers étaient autrement plus confortables et bien plus pratique. Rapidement elle se fit rejoindre, par un homme. Plus âgé, bien plus âgé, il avait un style assez hors norme et une manière tout à fait particulière de danser. N'y prêtant pas plus attention que cela, temps qu'il n'avait pas les mains baladeuses, Maud retourna dans sa bulle. Mais à peine y fut elle entrée que l'homme qui l'avait rejoint s'énerva.

B - « Ca suffit maintenant… ! »

Sur le coup, la blonde sursauta ? Qu'avait elle bien pu faire de mal qui énerve à ce point l'inconnue ? Son sang commençait déjà à bouillonner dans ses veines, si il comptait s'amuser à lui faire honte, nul doute qu'il verrait de quelle bois elle se chauffait. Le regard interrogateur, Maud fixait son interlocuteur de dernière minute, le visage sévère, attendant une explication on ne peut plus convenable. La surprise avait laissé place à une certaine forme d'énervement et de frustration qui avait tôt fait de chasser les effets de l'alcool, du moins pour un temps.

B - « Je parlais pas à vous hein ! »

Maud était sur le cul plus qu'autre chose. Il était gonflé celui-la, il lui criait à moitié dessus et il pensait en plus de cela qu'elle le pardonnerait sous prétexte qu'il s'adressait au vide ? Il n'y avait pas de réelles raisons de s'énerver après tout, mais pour le coup, cette affaire venait de faire tomber à plat son intérêt pour la soirée. Bouche bée, elle secoua la tête horizontalement pour partager sa consternation. Descendant de la table, elle se saisit d'un verre à moitié remplis et d'un paquet de cigarette qui traînaient sur une étagère. Si quelqu'un les réclamait elle aurait tôt fait de le renvoyer d'où il venait.
Entre énervement et alcoolémie, la main de la jeune femme se faisait tremblante, assez pour qu'il soit difficile de sortir une cigarette d'un paquet. Soignant le mal par le mal, elle bue une belle gorgée du nectar ambré, ce dernier lui arracha une grimace qui laissait à penser que le goût de cet alcool n'était pas des plus raffinés. Sortant finalement la dose de nicotine, elle s'appuya contre la rambarde du balcon tout en allumant le tabac. Mais à peine avait elle retrouvée sa tranquillité qu'elle fut de nouveau dérangée. S'agissait-il du fou aux cheveux long ? Peut être était ce aussi quelqu'un qui tentait sa chance, sans doute avait il patienté tout le reste de la soirée en attendant une ouverture. Quoi qu'il en soit, Maud tâcherai de le renvoyer d'où il venait.

M - « T'as le droit à cinq mots, après c'est ma main dans ta gueule et mon pied au cul. »

En voilà de la vulgarité, mais Maud n'était pas vraiment du genre à mâcher ses mots et à faire les choses à moitié, l'excès faisait partis de sa personnalité.

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La voix qui quelques minutes au par avant s'était faite remarqué, se fit de nouveau entendre. Ce qui n'était pas forcément pour le mieux dans l'intérêt de l'intégrité de la personne qui se trouvait à ses côtés. Après tout, elle n'était pas à grand chose de laisser libre cour à son esprit bagarreur, cependant on lui avait posé une question. Et dans la socialisation primaire qu'elle avait reçu, on lui avait enseigné que ne pas répondre à une question était de l'ordre de l'impolitesse.  

B - « Vous agressez souvent les gens ? »

Cinq mots très exactement. Au moins il n'était pas complètement stupide et pourtant ce n'était pas suffisant. Après tout, c'était elle qui s'était faite agresser en premier alors il était tout ce qu'il y a de plus logique que de se défendre. A quoi jouait-il ? Il l'avait suivit hors de la salle, jusque sur le balcon, la moindre chose aurait été de présenter ses excuses, à la place de quoi il en remettait une couche. Cependant il avait respecté les règles et Maud ne pouvait se justifier si elle le baffait sur le champ. Tirant sur sa cigarette elle se mit à observer le phénomène qu'elle avait devant elle. Des longs cheveux comme ça, il était assez négligeant ou bien anti-conformiste ; ses yeux vitreux indiquaient un taux d'alcool non négligeable dans le sang, son équilibre aussi semblait assez instable. Maud comptait bien le faire tourner en bourrique et s'amuser de son pantin alcoolisé. Mais voilà qu'il commettait déjà une erreur, se frottant la main contre le pantalon il la lui tendit en guise de salutation.

B - « Bart. »

Maud le regarda, un sourcil levé. Son bras droit était plié contre son corps, sa main du même côté gardant la cigarette à auteur de visage. Son bras gauche soutenait le coude. Ce second bras, vide de tout objet encombrant, se déplia, et du revers de la main, vint se confronter à la joue de son interlocuteur. Ce n'était pas une gifle très violente, juste de quoi lui remettre les idées en place.

M - « Ca fait six mots maintenant. »

Un sourire espiègle vint se dessiner sur le visage de la jeune femme, les yeux de chats ne lâchant plus l'homme qui se trouvait en face d'elle. Il était difficile de lui donner un âge précis, mais même si elle était de loin sa cadette, elle ne comptait pas lui laisser le lead de la situation pour autant. La blonde aimait diriger la situation comme ça lui plaisait, elle aimait dominer la scène quoi qu'il se passe, conserver un contrôle sur les individus présents.

M - « Alors, outre tes excuses qui se font toujours attendre, je n'agresse les gens que quand ils l'ont fait en premier. C'est assez enfantin je dois l'admettre, mais je suis sur que ça ne te dérange pas. Et même si c'est le cas je m'en fiche d'ailleurs. Où en étais-je ? Ah, qu'est ce qui ne tourne pas rond dans ta tête mon cher Bart' ? »

De nouveau, elle tira sur la cigarette, expirant la fumée dans la direction de son homologue masculin qui se remettait encore de ses émotions.

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Il semblait assez perplexe. De toutes évidences, il ne s'était pas rendu compte qu'il venait d'outre passer la seule règle que Maud avait posée. Il ne lui fallait pas grand chose pour se vexer au pauvre petit, de plus, il pouvait s'estimer particulièrement chanceux, après tout, elle lui avait aussi pris un coup de pied au derrière.
De toutes évidences, l'explication fournis ne lui convenait pas, et ce à tel point qu'il commença à s'emporter petit à petit. C'est qu'il devenait grognon le pauvre homme. Ne s'était il jamais pris une gifle ? En tout cas ce qui était sur c'est qu'il n'y était pas habitué. Il éclata de rire à la demande d'excuses de Maud, c'était un rire méchant et moqueur, tout sauf amusé, auquel la brune coupa court en soufflant sa fumée dans sa direction ce qui le fit tousser bruyamment. Elle se serait peut être montrée un peu attentionnée et compatissante si il n'avait pas fait preuve d'une attitude déplorable quelques secondes au par avant.

B - « C'est plutôt dans la vôtre que ça ne tourne pas rond ! D'abord je ne vous ai jamais agressé ! A moins que le fait que je me suis permis de marcher sur vos plates bandes vous le considériez ainsi ! Ce qui doit être le cas vu votre problème. Mais sachez que si vous, vous fichez de ce qui me dérange c'est réciproque !  »

Dit il en lui arrachant la cigarette des mains. Maud vit rouge, si ça n'avait tenue qu'à elle, elle lui aurait fait plier chacune de ses articulations à l'envers jusqu'à ce qu'elles cèdent, mais elle se devait de conserver son alibi d'étudiante colérique et manipulatrice.
Le summum de son intervention fut atteint lorsqu'il posa son index sur la poitrine de la blonde. Serrant les poings à son paroxysme, la cadette tenta de se persuader que lui exploser les pomettes à coup de phalange n'était pas la meilleur attitude à adopter, surtout si elle voulait conserver une certaine vie sociale.

B - « P'tete que vous arrivez à manipuler tous les abrutis qui se trouvent dans cette maison mais avec moi, vous vous mettez le doigt dans l’œil »

Maud se sentait particulièrement humiliée, pas pour la dernière phrase en particulier. Mais pour l'ensemble de la conversation qu'on venait de lui tenir. Or, la jeune femme n'était pas du genre à se laisser faire, encore moins par l'un de ses aînés. Le rattrapant en quelques pas, elle l'attrapa par l'épaule et le retourna face à elle. Le regard glaciale et la mine colérique, elle était prête à en découdre. Mais gardant à l'esprit qu'elle se trouvait encore dans une petite fête, elle attrapa une bière et la fit sauter habilement avec son briquet.

M - « Cul-sec chacun son tour, le premier à craquer pour cause de vomie ou de vidange a perdu et doit faire ses excuses à l'autre. Tu m'as déjà l'air assez soûl, ça compensera le fait que ma vessie est plus petite et que les femmes ont en générale une moins grande facilité à tenir la boisson. »

Maud était curieuse de voir si il se défilerait, après tout, elle s'attaquait directement à son côté virile, pour un peu que ses longs cheveux ne l'aient pas travestis. Sans attendre l'approbation de son adversaire tout trouvé, la blonde souleva le coude et s'envoya la bière d'une traite la lâchant directement sur le sol avant d'en ressaisir une et de l'ouvrir à son tour, jaugeant son interlocuteur avec snobisme.

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B - « Vous êtes rigolote vous savez...! »

Maud voyait rouge, elle était à la limite d'exploser, de lui sauter dessus et de lui retourner ses articulations une à une, de lui faire exploser les os et de lui boucher la trachée avec son poing.

B - « Malheureusement j'suis pas en état de faire un concours de beuverie ! Si vous vous avez une petite vessie moi j'ai un cancer trop avancé ! Donc voilà, j'voudrais quand même éviter de vous mettre dans l'embarras »

Il comptait l'émouvoir ? La faire culpabiliser ? Malheureusement pour lui, ce n'était pas vraiment son cas. Maud avait connue la mort, elle l'avait côtoyée, elle avait pris sa mère. Si dans un premier temps elle avait vu là la plus horrible des choses, une fatalité des plus morbides; elle avait finalement accepté cette finalité. La mort n'était qu'une étape de la vie après tout, alors pourquoi s'attarder sur cette dernière ?

B - « Donc voilà, j'voudrais quand même éviter de vous mettre dans l'embarras »

Maud ne décolérait pas. Il voulait éviter de la mettre dans l'embarras ? Était-il stupide ou condescendant ? Il l'avait plongée dedans à la seconde où il avait refusé son offre. C'en était trop pour la blonde. Dans un regard plein de haine ou perlait quelques larmes qui tardaient à couler le long de ses joues rougies par l'énervement. Passant son avant-bras sur ses yeux et son nez, essuyant la moindre trace de sensibilité.

M - « Pauvre idiot. »

Lâcha-t-elle sèchement, avec toute la rancœur et la haine dont elle était capable de faire preuve. Il l'avait humilié en public, qui plus est devant des personnes qu'elle connaissait, alors qu'elle avait eu la décence de le faire en privée en ce qui la concernait.
La jeune femme prit congé de l'assemblée, se dirigeant prestement vers la sortie. L'air frais lui fit le plus grand bien, ici, seule, elle pouvait se laisser aller. S'asseyant sur le bord de terrasse, elle plaça son menton entre ses genoux. Fermant l'ensemble avec ses bras. Elle ne dormait même pas chez elle ce soir là, elle allait devoir être confronté de nouveau à la honte dû au jugement qu'allait porter les invités sur elle.

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Maud restait impassible. Certes, elle se sentait passablement vexée. Elle avait été blessée et humiliée. Cependant, elle avait cette faculté troublante de reprendre son calme en quelques instants. Ce n'était pas son calme habituel bien sur, il était bien plu froid, plus anti-social.

Immobile, elle fixait un point inexistant le plus loin possible. Comme si elle était capable de se déplacer instantanément jusque là bas. Mais déjà, le monde réel la rattrapait. L'homme aux cheveux long vint s'asseoir à ses côtés, elle n'eu pas besoin de se retourner pour savoir qui venait, ses sens étaient aiguisés et elle était capable de ce souvenir de cette odeur. Conservant tout de même une distance respectable entre eux deux.

Le bruit du verre sur les marches en bois se fit entendre. Baissant les yeux, elle regarda la bouteille de bière se diriger dans sa direction. Elle n'était pas encore prête à accepter une interaction avec qui que ce soit, surtout pas avec lui. D'autant qu'elle était encore assez proche de l'explosion, mieux valait il la caresser dans le sens du poil. Malheureusement, un rien, et surtout un rien, l'aurait irritée.

B - « Désolé, je ne voulais pas vous blesser... »

Maud ne répondit rien, se contentant de prendre bonne note de ce qu'elle entendait. C'était plutôt une bonne chose qu'il s'excuse sur ce point, il était capable de se mettre à la place d'autrui et de comprendre ce que pouvait causer ses paroles.

B - « Mais vous avez raison...je suis un idiot et vous avez bien fait de me frapper... »

Pourquoi faisait il cela ? Pourquoi regrettait-il quelque chose ? Assumer des faits diffère de les regretter. Il lui avait exposé une argumentation lui expliquant pourquoi la gifle de Maud n'avait pas été un bon choix. Alors pourquoi diable détruire son argumentation à présent ? Était-ce dans le seul but de se faire pardonner ? Au quel cas ses excuses seraient bien fades et au combien hypocrites.

M - « Tu devrais pas dire ça. »

S'exprimer sur un sujet différent que la dispute avait quelque chose d'apaisant. Cela nécessitait l'attention toute entière de la jeune femme ce qui lui permettait de se changer les idées. Et par la même occasion de frapper à mort son interlocuteur.

M - « Quand on fait, quand on dit quelque chose, il ne faut jamais revenir dessus. On s’accommode avec sa conscience mais on ne rend pas de compte aux autres. Ils ne possède pas la légitimité suffisante pour nous juger. Mais quel meilleur juge que nous même si nous sommes capable de faire preuve d'objectivité. »

Attrapant la bière elle fit sauté la capsule en se servant d'une marche comme levier. Une fois la bouteille de verre ouverte, elle en prie une longue gorgée, passant son bras sous son nez et ses yeux elle essuya les dernières traces d'humiliation qui avaient coulées sur ses joues.

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B - « Pourtant on juge, vous, moi...les autres  »

Étrange constat que voilà, outre le fait qu'il se permettait de parler en son nom, et même si elle le prenait mal elle le gardait pour sa personne, il semblait prononcer ces mots sur un ton détaché. Était-ce par culpabilité ? A moins que ce soit le constat déprimant d'une vie passée à écouter les autres.

B - « Je reconnais simplement que j'ai été brute avec vous...et les mots peuvent bien faire plus mal qu'une baffe. »

Il fit un clin d'oeil complice, peut être s'attendait il à ce qu'elle rigole bêtement à ce qui ressemblait à une blague. Mais au vu de la spontanéité dont Maud était capable de faire preuve, il aurait été plus prudent de ne pas tenter le diable. Oui, d'un côté, elle hésitait à pousser la chansonnette, c'était certainement un côté joueur et vicieux qu'elle avait en elle. Mais d'un autre côté, elle n'avait plus le coeur à affronter quelqu'un ce soir là. Se contentant de sa bière, elle reprit une gorgée tout en le laissant parler.
Elle attrapa le mouchoir sans ménagement, s'essuyant les pommettes teintées de noir par le maquillage.

B - « Comme je ne sais toujours pas votre nom on va recommencer... Bartholomew Caldwell. »

"On va recommencer", en voilà une proposition alléchante, une remise à zéro, un retour à la normale. Il y avait de quoi se laisser tenter. Ce demi tour vers un avenir sans doute meilleur.
La main ferme, presque dur vint se refermer sur celle de l'homme chevelu.

M - « Et je suppose que tu attends mon identité en retour ? Heynckes, Maud Heynckes. »

Posant la bière qui était à présent presque vide, elle se sortir de nouveau une cigarette, avec un peu de chance cela lui permettrait de faire baisser un peu la tension. Tirant une bouffée, elle se tourna vers son interlocuteur.

M - « Alors dis moi, à part faire pleurer des jeunes femmes sans défenses et les humilier en soirée, qu'est  ce que tu fais dans la vie ? »

Elle avait repris un air faussement désintéressé, en réalité, tout ce qui touchait à la vie personnelle des gens l'intéressait particulièrement, elle aimait connaître leurs petits secrets et cumuler leurs confidences.

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B - « Allez devinez donc ce que je peux bien faire dans la vie à part terroriser les femmes visiblement. »

La conversation prenait petit à petit une tournure on ne peut plus intéressante. Elle n'avait reçue aucune information qui lui permettrait d'établir avec une certaine précision le métier de son interlocuteur. Tout ce qu'elle avait à sa disposition, c'était son sens de l'observation. Il avait un style assez particulier, peu commun, presque en marge. Il n'adhérait certainement pas aux codes en vigueur dans la société.

M - « Au vue de ce que je peux voir, et donc uniquement des apparences, ce qui n'est pas forcément révélateur, je parierai sur écrivain, j'en suis sur à disons, 60% ? »

B - « Moi j'vous verrai bien mannequin, ou quelque chose dans ce goût là...! Ou si c'est pas le cas et bien cela ne saurait tarder parce que vous représentez bien l'inspiration féminine ! Belle et sauvage ! Oh ça ferait un joli titre de tableau ! »

Lança-t-il à son tour. En plus d'être intéressant, il en devenait presque surprenant. Un vrai charmeur. Malheureusement pour lui, il était tout sauf dans le vrai, et si Maud n'hésitait pas à se servir de ses atouts, ce n'était jamais pour figurer en première page d'un magazine. Un léger doute caressa l'esprit embrouillé par l'alcool de la jeune femme. Tentant de retrouver ses esprits, elle tira une nouvelle fois sur la cigarette. Peut être qu'il était peintre après tout, dans ce cas elle n'aurait pas été bien loin de la vérité.

Les effets de la boisson commençaient à se préciser, même si elle n'avait pas bue comme un trou, elle n'en restait pas moins assez sensible. Le fait de rester assis ne lui faisait pas le plus grand bien, bien au contraire. Elle se sentait flotter légèrement, sa tête tournant dans un tourbillon qui n'avait rien d'agréable. C'était certain, elle allait y passer ce soir. Et si ce n'était pas tout de suite sur ces marches ou le pantalon de son aîné, ce serait certainement quelques mètres plus loin dans les rosiers ou sur le chemin qui l'amènerait aux toilettes.

M - « Pas vraiment non, et puis devoir coucher avec son agent pour avoir de bons rendez vous c'est pas trop mon genre. »

Plaçant la main qui tenait sa cigarette sur sa tempe, elle appuya, comme si la simple pression ferait cesser les vertiges et les envies de faire partager tout ce qu'il y avait dans son estomac au reste du monde.

M - « J'me sens pas bien... »

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De toutes évidences elle s'était trompé, pourtant elle semblait assez proche dans son idée et ses arguments se tenaient. Mais il semblerait que quelque chose lui ai échappé.
Culpabilisait il encore pour ce qu'il s'était passé il y a quelques instants ? Il était sensible sous ses airs de rockeur décidément. Peut être aurait elle acceptée, pour un peu que le mannequinat l'aurait intéressé. Elle préférait largement croquer l'une de ces modèles plutôt que faire la statue derrière un appareil photo.

A peine eut-elle fait part de son mal aise qui était sans aucun doute lié à l'alcool, que son chevalier servant s'éclipsa pour lui rendre service. Maud se connaissait, ce n'était pas la première fois qu'elle prenait une cuite et certainement pas la dernière. La descente était toujours aussi désagréable, un toboggan sans le plaisir. Les vertiges, la sensation de chute constante, un cocktail fort désagréable. D'autant plus que rester ainsi immobile, assise, ne lui permettait pas d'éliminer comme elle le voulait l'alcool présent en bien trop grande quantité dans ses vaisseaux sanguins.

A peine fut il revenu, qu'il s'écroula sur elle. Heureusement pour lui, le mal aise prit le pas sur le haut le cœur, sinon il y avait fort à parier qu'il se serait pris une douche de vomi. Le pire dans tout ça, c'était qu'il en profitait, il ne bougeait pas d'un pouce, profitant de cette position qui était tout sauf confortable mais qui semblait le satisfaire même s'il n'en montrait rien.

B - « Désolé...»

Désolé ? C'est tout ? Il se fichait vraiment de la gueule du monde celui la. Posant ses mains sur ses épaules, elle le souleva, il fallait bien avouer qu'il était léger comme une plume le bonhomme. Peut être qu'il devrait se mettre au sport histoire de prendre un peu de poids.

M - « Bat les pattes ! Faudra attendre encore un peu avant de me mettre la main dessus ! »

Elle avait choisis de retourner sur le terrain de l'humour, mieux valait éviter de retourner sur les terrains glissants. Elle ne voulait pas se faire de nouveau battre à plat de couture sur le terrain de la parole, elle n'était pas en état pour un tel round. Non, à la place elle l'amènerait sur un ring qu'elle connaissait beaucoup plus et dont elle maîtrisait les cordes à la perfection. Autant chercher à l'amener sur le terrain de la séduction. Rare étaient les hommes qui ne succombaient pas à son charme.

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Ce regain d'activité couplé à un certain rapprochement entre les deux individus, fit sortir Maud de sa torpeur. Le mal qui lui nouait l'estomac semblait faire place à un confort qui précédait à n'en pas douter le mal de tête du lendemain.

B - « C'est pourtant vous qui avez commencé à me toucher. »

Lâcha-t-il dans un souffle, un sourire se dessinant sur ses lèvres. Il réagissait comme un véritable enfant, c'en était assez amusant d'ailleurs. Il agissait sans se préoccuper des conséquences, observant ce qu'engendrait ses actes. Dans cette optique toujours insouciante, il enleva son haut. Essayait-il de l’impressionner ? Si c'était le cas il se mettait le doigt dans l’œil jusqu'au coude.

B - « Et donc si vous êtes pas mannequin, vous êtes quoi ? Si vous me le dites je vous dirai mon métier en retour ! »

Tout en reprenant la parole il s'était rapproché de la jeune femme, restant allongé sur le bois de la terrasse. Il ne semblait avoir aucun gène à être aussi proche de la blonde. Si c'était une technique de drague, le pauvre allait être servis, la lourdeur était tout sauf conseillée.

M - « Etudiante en médecine, c'est ce que je fais. Mais avant que tu me dises ce que tu fais comme boulot qui te rende aussi bizarre, j'aimerai savoir quel âge tu as. Mentalement je t'estimerai à 12 ans tout au plus mais physiquement tu sembles dépasser la trentaine sans pour autant être particulièrement vieux. Alors si tu te situes dans ces eaux là, est-ce que tu es comme ça vingt quatre heure sur vingt quatre ou est-ce que c'est la présence d'une femme qui te met dans cet état. »

Le simple fait d'évoquer le sujet devrait lui donner un tant soit peu de réponses. S'il éprouvait un certain malaise, elle aurait vu juste il n'aurait été qu'un trentenaire de plus qui voulait la mettre dans son lit. Mais s'il se montrait offusqué, alors c'est qu'elle se trouverait véritablement en face d'un adulte dont le cerveau serait resté au siècle dernier.

M - « T'as une piscine chez toi ? J'ai envie d'aller à la piscine. »

L'alcool et son pouvoir déshinibateur faisait des merveilles sur le cerveau de Maud. Alors qu'elle venait de le traiter de but en blanc de gamin, elle se mettait à réagir comme telle. A croire que c'était contagieux, ou bien qu'elle était terriblement influençable malgré son caractère de cochon. L'un dans l'autre les hypothèses étaient correct.

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Douze ans dans le cerveau, quarante physiquement, et psy, en voilà un drôle de cocktail. Pas forcément très rassurant sur le métier de la médecine. Peut-être que les deux inconnus pourraient d'ailleurs se confronter leurs connaissances dans ce domaine. Il fallait bien faire médecine pour faire psy' non ? Si c'était le cas à quoi servaient les facs de psycho' ?

B - « Non j'ai pas de piscine, je risquerai de me noyer, mais mes voisins en ont une. »

Sous entendue, il y a une piscine pas loin de chez moi mais l'utiliser revient à ne pas prévenir ses propriétaires, et donc à enfreindre la loi. Implicitement, il s'agissait donc d'une question. Maud, es-tu capable de le faire ?
Elle ? La blonde provocatrice, aurait refusée d'enfreindre les règles ? Pas dans cette vie en tout cas.

M - « J'te préviens, si tu commences à te noyer, compte pas sur moi pour faire la maître nageuse. J'ai beaucoup trop bu pour être capable de flotter pour deux. »

Elle avait déjà du mal à tenir droite alors que rien ne bougeait autour d'elle. C'était comme si l'alcool s'en allait et revenait, un boomerang violent qui lui tapait régulièrement derrière le crâne.
C'était comme si elle était en bateau, dans une tempête. Un frêle esquisse qui se ferait malmener par les vents. Dans un élan de violence personnelle, elle tenta de se relever, attrapant la rambarde, elle tira de toutes ses forces pour changer de position, passant à la verticale. Verticale c'était un bien grand mot, elle arrivait à peine à se tenir en position stationnaire sur ses deux jambes. Le chemin jusqu'à la piscine allait être long, dangereux, parsemé d’embûches, mais plus que le trajet, c'était la baignade elle même qui était à redouter, était elle vraiment en capacité de se maintenir à la surface ? L'alcool avait comme effet secondaire de désinhiber, dans certains cas cela pouvait se montrer bénéfique, dans d'autre particulièrement néfaste, voir mortel.

M - « En route Simone, direction ta baraque. »

Cigarette en main, Maud se tourna dans une direction, puis dans une autre, avant de revenir à la première direction, passant ensuite à la quatrième, revenant à la troisième. C'était où sa baraque ? Ce serait surement plus facile de s'y rendre si c'était lui qui donnait la marche, mais l'étudiante n'était pas vraiment du genre à abandonner le contrôle de la situation à quelqu'un d'autre qu'elle.

M - « C'est par où qu'on va ? »